Page:Stendhal - Rome, Naples et Florence, I, 1927, éd. Martineau.djvu/132

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Une jeune femme était fort attachée à un officier français, qui était son ami depuis 1806. Les grandes révolutions nelle amacizie (dans les amitiés) ont lieu ici pendant le carnaval. C’est la malheureuse liberté des bals masqués qui les favorise. La bonne compagnie (tout ce qui est riche et tout ce qui est noble) n’en manque pas un, et ils sont charmants. Telle mascarade en costume, composée de dix personnages, a coûté quatre-vingts sequins à chaque masque, en 1810, bien entendu. Depuis les Tedesk (les Autrichiens), les plaisirs se sont envolés. Lorsqu’il y a bal masqué, vers les deux heures on soupe dans les loges, qui sont illuminées ; ce sont des nuits de folie. On arrive à sept heures pour le spectacle. À minuit, des hommes montés sur des échelles de soixante-dix pieds de haut et portées par un autre homme qui est au parterre, allument six bougies qui sont placées devant chaque loge ; à minuit et demi le bal commence.

Teodolinda R*** s’aperçoit, à l’avant-dernier bal masqué du carnaval de 1814, que le colonel Malclerc lui est infidèle. À peine rentré chez lui, vers les cinq heures du matin, cet officier reçoit une lettre en mauvais français, qui lui demande raison d’une insulte non spécifiée. On