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il faudrait toujours mentir, et, quand je mens, je suis comme M. de Goury, je m’ennuie. Cela est à cent lieues de la Didon de M. Guérin.

Madame P*** me conseille d’aller à Monza voir la couronne de fer ; elle ajoute que je trouverai à Monza une belle faisanderie avec beaucoup de faisans, c’est encore pis ; et enfin, dit-elle, vous verrez le superbe clocher de la cathédrale, avec ses huit cloches parfaitement intuonate (qui sonnent juste). Ce mot, vraiment italien, m’intéresse. Le son des cloches est en effet une partie de la musique. Ce mot me révèle qu’après en avoir été étonné d’abord, j’aime à la folie la manière singulière de sonner les cloches à Milan. On la doit, je crois, à saint Ambroise, qui a aussi le mérite d’avoir allongé le carnaval de quatre jours. Le carême ne commence à Milan que le dimanche après ce qu’on appelle ailleurs le mercredi des cendres. Les gens riches, de trente lieues à la ronde, arrivent en foule à Milan le soir de ce mercredi-là. Ils viennent pour le carnavalon.

19 novembre. — Voici une anecdote du carnaval de 1814, qui vient de m’être contée dans la loge de madame Foscarini.