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passions grossières de misérables ne songeant jamais qu’à manger et à piller.

L’assassinat du grand prince Luchin Visconti par sa femme Isabelle de Fiesque (1349) vaut mieux que l’orme de Vaurus. Les narrations que j’indique après le titre de rigueur, Beautés de l’histoire de Milan, pourraient porter celui-ci : Introduction à la connaissance du cœur humain. Les passions gigantesques du moyen âge y éclatent dans toute leur féroce énergie ; nulle affectation ne vient les masquer. Il n’y avait pas de place pour l’affectation dans ces âmes brûlantes. Elles ont rencontré des historiens dignes d’elles, et qui n’ont point, pour le mot propre, la haine académique de M. de Fontanes.

Quoi de plus pittoresque que les annales des Visconti ?

Matteo Visconti, qui cherche à détruire la république et à se faire roi, découvre et punit une conspiration. Antiochia Visconti Crivelli, femme d’un des conjurés, réunit dix mille hommes et attaque l’usurpateur (1301).

Matteo II Visconti est empoisonné par ses frères (1355).

Jean Galéas empoisonne son oncle (1385) ; mais il bâtit le Dôme de Milan. Jean-Marie est assassiné par des conjurés (1412) ; Milan se déclare république