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Je lis avec plaisir l’histoire de Milan, écrite avec toute la bonhomie du pays, mais avec toute la méfiance d’un Italien, par Verri, l’ami de Beccaria. Je n’y trouve jamais ce vague et cette affectation qui me font si souvent quitter les livres français du dix-neuvième siècle. Le comte Verri a le grand sens de nos historiens de 1550 ; sa manière est pleine d’audace et de naturel. On voit que la crainte de la police l’a guéri de la crainte des critiques.

L’histoire de Milan est intéressante comme Walter Scott, depuis l’an 1063, où les prêtres firent la guerre civile pour ne pas se soumettre à la loi du célibat que Rome prétendait leur imposer, jusqu’à la bataille de Marignan, gagnée par François Ier, en 1515. J’indique cet intervalle de quatre cent cinquante-deux ans aux compilateurs. Il y a là deux volumes in-8° palpitants d’intérêt, comme ils disent. Les conspirations, les assassinats par ambition, amour ou vengeance, les grands établissements d’utilité publique, dix soulèvements populaires dans le genre de la prise de la Bastille en 1789, ne demandent que quelque simplicité dans le récit pour intéresser vivement. L’on a bien su rendre curieuses à lire nos plates annales de la même époque, où n’apparaissent que les