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jours pour épier sa maîtresse, qu’il eut la joie inexprimable de trouver fidèle. Elle accordait des rendez-vous à un jeune homme fort riche et qui l’aimait, afin d’en faire un mari pour sa fille. Vitelleschi, bien sûr de l’innocence de sa belle, tombe tout à coup, du haut de la cheminée où il se tenait, dans le foyer, et dit en riant au jeune homme stupéfait : « Tu l’as échappé belle ! Ce que c’est cependant que d’avoir affaire à un honnête homme ! Tout autre à ma place t’aurait tué sans vérifier la chose. » Le comte Vitelleschi était toujours gai, point farouche, et sa plaisanterie avait de la grâce. C’est lui qui se déguisa un jour, à l’approche de Pâques, en confesseur de cette même maîtresse qu’il aima pendant quinze ans. Il avait donné de l’opium au véritable confesseur, appelé le matin chez un de ses buli jouant le malade à l’agonie. Le confesseur endormi, Vitelleschi lui vole ses habits et marche gravement au confessionnal.

Si je transcrivais d’autres anecdotes plus détaillées, je serais comme l’Anglais parlant de glace au roi de la côte de Guinée. Ces anecdotes montrent qu’il ne vient jamais à l’idée d’un Italien, homme d’esprit, qu’il y ait un modèle à imiter. Un jeune Italien, riche, à vingt-cinq ans,