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force est synonyme d’influence, d’effet sur le public, de mérite. M. Pellico est bien jeune, et il a le malheur d’avoir juste la position d’un homme sans nulle fortune, à qui un hasard barbare, au lieu du front d’airain d’un intrigant, a donné une âme généreuse et tendre. Les calomnies l’affligent. Comment voulez-vous que se venge un sot ? lui dis-je ; il me répond : « Le plus beau jour de ma vie sera celui de ma mort[1]. » L’amour est divinement peint dans sa Francesca da Rimini.

Je trouve souvent, dans la loge de M. de Brême. M. Borsieri, c’est un esprit français plein de vivacité et d’audace. M. le marquis Ermès Visconti a des idées fort justes et assez claires, quoique grand admirateur de Kant.

Si l’on voulait connaître le premier philosophe d’Italie, je crois qu’il faudrait choisir entre M. Visconti et M. Gioja, auteur de dix volumes in-4°, et qui, chaque jour, est menacé de la prison. Au reste, on trouve à Naples, à ce que m’a dit madame Belmonte, une école particulière de philosophie. Mais j’aurais une pauvre idée d’un homme d’esprit habitant Naples et qui ferait imprimer une explication

  1. M. Pellico sortira de la prison du Spielberg à la fin de 1826. On annonce qu’il y a composé huit ou dix tragédies.