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sur la retraite de Moscou, Napoléon, les Bourbons ; ils me payent en nouvelles d’Italie. Je rencontre dans cette loge Monti, le plus grand poëte vivant, mais qui n’a nulle logique. Quand on l’a mis en colère contre quelque chose, il est d’une éloquence sublime. Monti est encore un fort bel homme de cinquante-cinq ans. Il a la bonté de me faire voir son portrait, chef-d’œuvre d’André Appiani. Monti est le Dante ressuscité au dix-huitième siècle. Comme le Dante, il s’est formé en étudiant Virgile, et méprise les délicatesses monarchiques de Racine, etc. Il y aurait trop à dire.

Les paroles extrêmement énergiques, quoique offensant un peu la délicatesse[1], ne sont pas repoussées par l’éloquence italienne. On sent à chaque pas que ce pays n’a pas eu, pendant cent cinquante ans, la cour dédaigneuse de Louis XIV et Louis XV. La passion ici ne songe jamais à être élégante. Or, qu’est-ce qu’une passion qui a le loisir de songer à quelque chose d’étranger ?

Silvio Pellico, plein de raison et de bonne éducation, n’a peut-être pas dans l’expression toute la magnificence et toute la force de Monti. Or, en littérature, la

  1. Si on les traduisait en français.