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juste. Aucun personnage n’est vulgaire, tous sont dignes d’être aimés ; c’est le contraire du Titien.

Il y a une Agar du Guerchin, faite pour attendrir les cœurs les plus durs et les plus dévoués à l’argent ou aux cordons.

On remarque des fresques de Luini, celui que j’ai tant admiré à Sarronne. On les a transportées ici avec le morceau de mur sur lequel elles furent faites. Ce peintre est relevé à nos yeux par la chaleur factice et l’affectation des artistes modernes. Il est froid, sans doute, mais il a des figures célestes ; c’est de la grâce tempérée par le calme du caractère, comme Léonard. Napoléon fit transporter à Brera les plus beaux tableaux de la galerie Zampieri, de Bologne, et entre autres plusieurs chefs-d’œuvre des Carrache. Ils ressuscitèrent la peinture (1590). Avant eux on peignait comme écrivaient Dorat, Voiture ou Marchangy. De nos jours, en France, David a fait une révolution semblable. Contemporain du Guide et des derniers grands hommes de cette école (1641), Malvasia, dans sa Felsina Pittrice, écrit leur biographie sans reculer devant des détails peu nobles peut-être alors, aujourd’hui fort curieux.

12 novembre. — Il y a un mois que mon