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était de bonne foi, lui tira un coup d’arquebuse et le manqua. Donato Farina essaya ce crime en 1569. Avant et depuis saint Charles, les curés du Milanais ont eu des maîtresses. Rien ne semble plus naturel, personne ne les blâme ; on vous dit avec simplicité : « Ils ne sont pas mariés. » J’ai vu une dame tenir beaucoup, un dimanche matin, à ne pas manquer la messe qui fut célébrée par un prêtre son amant. Cela est conforme au concile de Trente, qui a déclaré que si le diable lui-même se déguisait en prêtre pour administrer un sacrement, le sacrement serait valable.

Vers cinquante ans, les prêtres du Milanais deviennent ivrognes, ou bien ils se convertissent souvent après la mort d’une maîtresse ; alors ils se livrent à des pénitences extraordinaires, et cherchent à persécuter leurs jeunes collègues. Dans ce cas, on se moque d’eux et on les hait. En 1792, les prêtres de toute l’Italie furent très scandalisés de la tenue décente des prêtres français émigrés.

Je vais souvent au musée de Brera. Le Mariage de la Vierge, tableau de la première manière de Raphaël, intéresse les savants. Ce tableau me fait la sensation de l’opéra de Tancrède de Rossini. La passion y est exprimée faiblement, mais