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par son amabilité, sa disinvoltura et sa science. Elle m’a dit : « Les nains, dans ce pays-ci, sont fort gais. Voyez celui qui offre des fleurs aux dames à la porte de la Scala, il a l’humeur caustique. » Il y a peut-être mille citoyens de Milan qui n’ont pas trois pieds de haut : c’est l’effet de l’humidité et de la panera (crème excellente de ce pays-ci, et que l’on ne trouve nulle part, pas même en Suisse.) — L’archiduc pour qui les ultrà placés à la municipalité de Milan donnent ces fêtes est un homme raisonnable, froid, mal mis, fort savant en statistique, en botanique et en géologie. Mais il ne sait pas parler aux femmes. Je l’ai vu se promenant à pied,. au Corso, avec des bottes que mon valet de place ne porterait pas. — Un prince n’est qu’une cérémonie, comme je ne sais qui répondit à Louis XVI. On regrette l’amabilité et la vanité du prince Eugène, qui lui inspiraient un mot pour chaque femme. Assez terne à Paris, le vice-roi était brillant à Milan, et passait pour fort aimable. Dans ce genre de mérite personne ne peut le disputer aux Français. On annonce pour le 31 décembre l’entrée solennelle de l’empereur François. Il n’aura aucun succès. Les Milanais ont fort peu d’entrain. À Paris, on agite des mouchoirs pour tout le monde, et l’on est presque de