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siècle. La galerie de Diane, aux Tuileries, est pauvre en comparaison.

La place San Fedele a été augmentée par la démolition de la maison du comte Prina, ministre des finances sous Napoléon, assassiné, le 20 avril 1814, par les soins des partisans de l’Autriche et de quelques libéraux aujourd’hui bien repentants (du moins telle est la version commune). Le prêtre de San Giovanni, devant lequel nous venons de passer, refusa de faire ouvrir, pour le comte Prina, la grille de son église : on y aurait transporté le malheureux ministre, que le peuple avait déjà commencé à traîner par les pieds, mais qui n’était pas blessé mortellement. La lente agonie de ce malheureux dura trois heures. On raconte que les assassins gagés, voulant compromettre le peuple, firent tuer le comte Prina à coups de parapluie. La France n’a rien produit d’égal à ce Piémontais dans l’art d’extorquer et de dépenser de l’argent au profit d’un despote. Cet homme a laissé de grands établissements ; il avait du grandiose dans la tête. Un des côtés de la place déblayée après sa mort est formé par la façade du palais Marini, plus remarquable par sa masse que par sa beauté (1555). Prina travaillait nuit et jour et volait peu ou point, afin de devenir duc. En mars 1815,