Page:Stendhal - Romans et Nouvelles, Lévy, 1854.djvu/388

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

forêt : ce qui m’a déterminé, c’est la bonne compagnie, c’est-à-dire le caractère honnête des huit ou dix propriétaires des châteaux voisins. Tous les fainéants du pays chantent les louanges de M. Lescale ; il fait beaucoup d’aumônes et a l’air constamment dupe de tout le monde. Il a eu des bonnes fortunes inconcevables ; mais au fond il ne peut aimer qu’une femme qu’il voit sur la scène deux fois la semaine. Il trouve que la comédie jouée par les autres femmes est à la fois sérieuse et vide.

Bref, Philibert Lescale est un homme bien élevé et ce qu’on appelle un aimable homme.

N. B. (Deux ans plus tard.) J’ai eu tort de forcer le pauvre Philibert à garder sa chanteuse, il vient d’avoir, à cause d’elle, un duel avec un prétendu prince russe qui lui a logé dans le front une balle dont il est mort.

Le prince russe, qui était endetté, et qui d’ailleurs n’était ni prince ni Russe, a saisi avec empressement cette occasion de quitter la France et son quart de loge à l’Opéra.