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LE COFFRE ET LE REVENANT

cria-t-elle, parce que j’ai sauvé don Pedro Ramos.

Et elle saisit fortement Inès par le poignet.

Au milieu de l’égarement d’une attaque de nerfs, les demi-mots de Sancha disaient qu’un instant après que Zanga avait eu rapporté chez elle le coffre de ses marchandises, un homme tout sanglant s’était élancé dans sa chambre un poignard à la main.

— « Je viens de tuer un volontaire royaliste, avait-il dit, les camarades du mort me cherchent. Si vous ne me secourez, je suis massacré sous vos yeux… »

— Ah ! voyez ce sang sur ma main, s’écria Sancha comme hors d’elle-même, ils veulent me tuer !

— Continuez, dit don filas froidement.

— Don Ramos m’a dit : « Le prieur du couvent des Hiéronymites est mon oncle ; si je puis gagner son couvent, je suis sauvé. » J’étais tremblante ; il aperçoit le coffre ouvert, d’où j’achevais d’ôter mes tulles anglais. Tout à coup il arrache les paquets qui s’y trouvaient encore, il se place dans le coffre. « Fermez la serrure sur moi, s’écrie-t-il, et faites porter ce coffre au couvent des Hiéronymites sans perdre un moment. » Il me jette une poignée de