remplir de sel de vinaigre. En arrivant
dans la loge, il déplaça le bouchon de son
flacon, et l’odeur de vinaigre se répandit
de façon à incommoder tout le monde.
— Et vous, monsieur Féder, que les odeurs rendent malade ! lui dit Valentine.
Son esprit ne put arriver à trouver d’autre réponse qu’un : Eh bien, madame, deux fois répété. Il avait un éloignement invincible pour toutes les odeurs ; mais, depuis cette soirée, l’odeur du vinaigre devint sacrée pour lui, et, toutes les fois qu’il la rencontra, par la suite, il eut un vif sentiment de bonheur.
Valentine se dit : « Si parleur ce matin, si fertile en anecdotes prétendues plaisantes, et si interdit ce soir ! Que se passe-t-il donc dans son cœur ? » La réponse n’était pas douteuse et faisait soupirer tendrement la jeune femme : « Il m’aime. »
Ce soir-là le spectacle intéressait vivement madame Boissaux ; toutes les paroles d’amour allaient droit à son cœur ! « Rien n’était commun, rien n’était exagéré. » (Schiller.)
Deux mois entiers se passèrent ainsi. Féder, passionnément amoureux, ne s’écarta en aucune sorte des règles de la prudence la plus austère. Chaque entrevue avec Féder changeait du tout au tout les