beau sang-froid, savoir des nouvelles de
l’indisposition de madame Boissaux ; il la
trouva dans son salon, gardée par sa
femme de chambre et deux ouvrières ;
tout ce monde était occupé à faire des
rideaux. À chaque instant madame Boissaux
se levait pour mesurer et couper du
calicot ; les regards furent aussi froids que
les actions ; la conduite de ces deux êtres
qui, la veille, dans les bras l’un de l’autre,
s’avouaient en pleurant qu’ils s’aimaient,
eût bien étonné un observateur superficiel.
Valentine s’était juré de ne jamais se
retrouver seule avec Féder. D’un autre
côté, ce que celui-ci lui avait dit la veille :
savoir, qu’il ne pouvait aimer avec un certain
abandon qu’autant qu’il était sûr
d’être aimé, se trouva à peu près exactement
vrai.
Quoiqu’il eût à peine vingt-cinq ans, il ne croyait, en aucune façon, aux démonstrations des femmes ; l’aveu le plus gracieux de la passion la plus tendre ne lui inspirait d’autre idée que celle-ci : « On tient à me persuader que l’on m’aime passionnément. » Il avait peur de son âme, il se rappelait toutes les étranges folies qu’il avait faites pour sa femme, et, en vérité il n’en voyait pas le pourquoi. Le souvenir qui lui était resté n’était autre que celui d’une petite fille d’un caractère