qui fournissait à son mari une voiture
de remise. « En faisant donner de l’argent
à cet homme, ou même en faisant parler
à son maître, je pourrai ne le jamais
revoir, se dit-elle ; et peut-être s’il ne
ne revient pas demain, il ignorera à jamais
l’affreux événement ; tandis que, si un
seul de mes domestiques me voit, je suis
une femme perdue. »
Cette idée inspira à Valentine un effort désespéré ; en se retenant au coin d’une caisse d’oranger, elle parvint à se mettre debout. Puis, après des efforts inimaginables, elle alla prendre dans sa chambre un châle, qu’elle jeta sur sa tête, comme si elle eût eu froid. « Je dirai au cocher que j’ai été saisie d’un frisson et d’un accès de fièvre, et que pour ne pas inquiéter mon mari, je veux, sur-le-champ, retourner à Paris. »
Pour gagner la remise sans entrer dans l’intérieur de la maison, Valentine, qui avait repassé dans la serre chaude, ouvrit une des portes-fenêtres qui donnaient sur le jardin ; mais l’effort nécessaire pour ouvrir la persienne avait presque entièrement épuisé ses forces ; elle était immobile sur le seuil de cette porte-fenêtre ; elle entendit marcher doucement et comme avec précaution, tout auprès d’elle. Sa frayeur fut extrême ; elle se cachait la