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ROMANS ET NOUVELLES


de ces dîners éclata, Delangle fut piqué au vif ; plusieurs fois il se moqua, avec ses voisins de table, des façons singulières avec lesquelles Boissaux faisait les honneurs de ses dîners, et Féder fut assez heureux pour faire remarquer à Boissaux cette trahison du cher beau-frère. Un jour ces deux êtres, dont la colère était facile à exciter, se prirent presque de querelle au milieu d’un dîner. Delangle prétendit d’abord, d’un ton plaisant, qu’un des plats principaux ne valait rien. Boissaux prit feu pour la défense de son plat, et, sous prétexte de l’amitié intime, les propos piquants allèrent bien loin. L’un des convives, compatriote des deux antagonistes, et arrivé à Paris seulement depuis peu de jours, s’écria naïvement et d’une voix à faire retentir la salle à manger :

— L’ami Delangle est jaloux des dîners donnés par le cher beau-frère.

Cette remarque ingénue arrivait tellement à propos, qu’elle fit éclater de rire tous les dîneurs.

— Eh bien, oui, morbleu, je suis jaloux ! s’écria Delangle tremblant de colère et pouvant à peine se contenir, je n’ai pas un chez moi comme Boissaux, je n’ai pas un bon ami pour me donner des conseils ; mais je vous invite tous à dîner au Rocher de Cancale, pour mardi prochain, si le