Page:Stendhal - Romans et Nouvelles, II, 1928, éd. Martineau.djvu/218

Cette page a été validée par deux contributeurs.
206
ROMANS ET NOUVELLES


que nous ayons ensemble une conversation qui prouve surtout que je n’ai pas d’amour pour vous.

On peut penser de quel air ce mot-là fut prononcé. Depuis l’aveu si sincère dont nous avons parlé et qui eut lieu lors de la seconde séance consacrée au portrait, le mot d’amour ne s’était point montré dans les entretiens que Féder avait eus avec Valentine ; et, pourtant, tous les jours à peu près, Féder la voyait, et ce moment était l’objet des espérances ou des souvenirs de tout le reste de la journée. Au premier mot qu’il lui avait adressé dans le jardin de Saint-Gratien, elle était devenue d’un rouge pourpre. Bientôt une petite branche d’acacia, que Féder avait détachée d’un arbre, échappa de la main de Valentine ; Féder se baissa comme pour la ramasser ; en se relevant, il tira sa montre : il avait aperçu fort distinctement Delangle, caché derrière un massif d’acacias.

— Pourquoi n’arrangeriez-vous pas celui de vos salons, dans votre maison de Bordeaux, qui donne sur le jardin, comme l’admirable salon de la maison que nous venons de voir ? C’est tout simplement la perfection du genre, et, j’en suis sûr, l’on ne nous refusera point de faire prendre le plan de ce salon. M. Boissaux pourra