cesse la société de son frère ; elle devint
adroite, en rêvant constamment aux
moyens les plus adroits de le remettre sur
l’histoire des bonnes fortunes du jeune
peintre. M. Boissaux mourait d’envie de
prendre une loge pour deux mois à l’Opéra.
Cela fait, il donnerait un grand dîner, le
vendredi, à tous les gens de sa province
qui se trouveraient à Paris ; puis les quitterait
fièrement à huit heures en leur disant :
« J’ai un rendez-vous d’affaires dans ma
loge à l’Opéra. » Valentine, qui, subitement,
s’était prise de passion pour l’Opéra, dit
à son mari :
— Rien ne m’irrite comme la sotte supériorité que les gens qui jouissent d’une certaine fortune à Paris s’arrogent sur nous autres, qui sommes nés à deux cents lieues de la capitale et qui les valons bien sous tous les rapports. Il me semble qu’il n’y a que deux moyens de prendre rang au milieu de cette aristocratie insolente : il faut acheter une terre dans un canton où se trouvent quelques belles maisons de receveurs généraux ou de riches banquiers ; ou bien, à défaut de terre, il faut du moins avoir une loge à l’Opéra. Rien ne me semble, à mon avis, nous ravaler davantage que cette nécessité de changer de loge à toutes les représentations.
Pour la première fois de sa vie, Valen-