Page:Stendhal - Romans et Nouvelles, II, 1928, éd. Martineau.djvu/160

Cette page a été validée par deux contributeurs.
148
ROMANS ET NOUVELLES

uns de ces amis l’avaient vu aux bals de la Chaumière ; il leur avait avoué qu’il était d’un libertinage effréné, que cette sensation était la seule qui pût le distraire de ses malheurs. Le libertinage ne rabaisse pas un homme comme la gaieté : on le lui avait passé, et ce fut avec admiration que l’on parla de la folie que le sombre Féder savait trouver le dimanche, pour plaire aux Amanda et aux Athénaïs qui, pendant la semaine, cultivent le bonnet et la robe chez Delille ou chez Victorine.

Un jour, il y eut querelle sérieuse de la part de Rosalinde. La conduite de Féder était correcte avec elle ; elle ne pouvait se plaindre, quoique pleurant bien souvent ; mais Féder, en lui payant une somme de trois cent dix francs soixante-quinze centimes, fouillait dans son gilet pour payer les soixante-quinze centimes. Il faut savoir que, lorsque Féder était venu loger avec Rosalinde, qui avait un magnifique appartement sur le boulevard, près de l’Opéra, il avait été convenu que Féder ne payerait point la moitié des huit mille francs que coûtait ce bel appartement ; mais bien les six cent vingt et un francs cinquante centimes que lui coûtait le petit appartement de garçon, au cinquième étage, qu’il quittait pour Rosalinde. C’était en payant un semestre de ce petit