des manières fort douces, il devint de mode dans la légion d’inviter à dîner le jeune peintre le jour de l’inauguration du portrait au moyen duquel le chef de la famille pouvait espérer l’immortalité.
Féder avait une de ces jolies figures régulières et fines que l’on rencontre souvent à Marseille au milieu des grossièretés de la Provence actuelle, qui, après tant de siècles, rappellent les traits grecs des Phocéens qui fondèrent la ville. Les dames de la deuxième légion surent bientôt que le jeune peintre avait osé braver le courroux d’un père, alors immensément riche, pour épouser une jeune fille qui n’avait d’autre fortune que sa beauté. Cette histoire touchante ne tarda pas à se revêtir de circonstances romanesques jusqu’à la folie ; deux ou trois braves de la compagnie de Martineau, qui se trouvèrent de Marseille, se chargèrent de raconter les folies étonnantes dans lesquelles un amour tel qu’on n’en vit jamais avait jeté notre héros, et il se vit obligé d’avoir des succès auprès des dames de la compagnie ; par la suite, plusieurs dames du bataillon, et même de la légion, le trouvèrent aimable. Il avait alors dix-neuf ans, et était parvenu, à force de mauvais portraits, à payer ce qu’il devait à M. Martineau.
L’un des maris chez lesquels il dînait