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ROMANS ET NOUVELLES

« Tout va se décider», se dit-il.

De la main gauche, il saisit un carreau qu’il prétendait jeter aux yeux de l’homme qui l’attaquerait, et alla se placer derrière le rideau de l’alcôve.

La porte s’ouvrit. Il vit entrer une fille assez belle qui tenait une bougie d’une main et qui de l’autre retenait la porte. Elle jeta d’abord les yeux partout et n’ayant point vu l’étranger, elle se mit à dire :

« Je m’imaginais bien que ce n’était qu’une plaisanterie, et que vous vouliez seulement m’empêcher de dormir par une histoire si étrange. »

Comme elle disait ces mots, le chevalier vit entrer une jeune personne de dix-huit ou vingt-ans et d’une admirable beauté, mais fort sérieuse et même un peu inquiète. C’était Marguerite de Foix. Elle poussa la porte qui se referma, sans répondre à la demoiselle de compagnie qui était entrée la première, et d’un air tout pensif lui fit signe qu’elle s’avançât vers l’alcôve.

Le chevalier voyant deux femmes seules, en sortit, tenant son épée par la pointe. Mais cette épée nue et les taches de sang, dont il était encore couvert, produisirent leur effet sur la camériste qui devint excessivement pâle et se retira vers une