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LE CHEVALIER DE SAINT-ISMIER

« Il faut faire tout au monde pour sortir d’ici, se dit-il. Il n’y a pas à espérer de faire entendre raison au mari jaloux ou au père furieux qui a tué cette femme. Il est impossible qu’il ne revienne pas bientôt pour voir si sa vengeance est accomplie ou pour faire enlever le cadavre ; et s’il me trouve dans cette chambre tout couvert de sang et ne pouvant dire comment j’y suis venu, pour peu que cet assassin ait envie de se justifier, il dira que c’est moi qui ait tué cette femme, et il me sera impossible de rien répondre qui ait l’apparence de la raison. »

Notre héros se releva, cherchant avec beaucoup de soin à ne pas blesser la personne qui était presque couchée sur lui dans cette ruelle si étroite. Mais il donna un fort grand coup de pied dans le flambeau qui roula au loin et fit beaucoup de bruit. Notre héros s’arrêta, profondément immobile, et serrant la garde de son épée. Mais aucun bruit ne suivit ce grand bruit. Alors il se mit à tâter avec la pointe de son épée tout le tour de la chambre. Ce fut en vain ; il ne trouva aucune issue. Il était également impossible d’ouvrir la porte et de l’ébranler. Il ouvrit de nouveau la fenêtre, il n’y avait ni balcon, ni corniche qui permit de tenter une évasion.