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LE CHEVALIER DE SAINT-ISMIER

dans le lit : il conservait encore quelque chaleur. Le chevalier fit rapidement le tour de la chambre, et à son inexprimable chagrin reconnut qu’il était à peu près impossible de se sauver. Il n’avait d’autre ressource que celle de déchirer les draps et de chercher à en faire une sorte de corde à l’aide de laquelle il pourrait essayer de descendre dans un lieu fort obscur, qui était à plus de quarante pieds au-dessous de la fenêtre. Il fit de vains efforts pour distinguer si c’était une cour ou un toit.

« Et puis, quand j’arriverai là-bas sain et sauf, je serai peut-être tout aussi en prison qu’ici ? »

Une idée illumina tout-à-coup le chevalier :

« Il n’y a point d’épée dans cette chambre. Les valets de chambre auront sans doute emporté les vêtements du noble personnage qui l’habite. Mais enfin, ils ont dû lui laisser son épée. Peut-être qu’il a été surpris par des voleurs, et il sera sorti sur eux, l’épée à la main. Mais toujours est-il bien singulier qu’il n’ait qu’une épée. »

Alors le chevalier se mit à examiner la chambre avec un soin extrême. Il finit par trouver sur le tapis, tout près du lit, deux petits souliers de satin blanc et des bas de soie excessivement étroits.

« Parbleu, je suis un grand nigaud !