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ROMANS ET NOUVELLES

ses forces dans une rue fort étroite qui donnait dans la grande ; il tourna par plusieurs petites rues, s’arrêtant pour prêter l’oreille toutes les demi-minutes ; il ne trouva d’abord que des chats auxquels il faisait peur ; mais comme il tournait dans une toute petite rue, il entendit venir à lui quatre ou cinq hommes parlant d’une voix grave et fort posée.

« Voici encore le guet, se dit-il, ou le diable m’emporte. »

Il se trouvait alors vis-à-vis une porte fort grande et fort chargée de grosses moulures en bois, mais à dix pas plus loin il y avait une toute petite porte qu’il poussa. Il se hâta d’entrer et se tint derrière, retenant sa respiration. Il pensait que les hommes à la voix grave qui venaient à lui, avaient bien pu le voir entrer et qu’ils pourraient pousser la porte et entrer après lui, auquel cas il voulait se cacher derrière la porte, ressortir, dès que ces hommes seraient entrés de quelques pas dans une sorte de jardin planté de grands arbres, sur lequel s’ouvrait cette porte, et reprendre sa course. Les hommes, qui revenaient de souper, s’arrêtèrent pour bavarder devant la petite porte, mais ne la poussèrent point. Saint-Ismier qui avait peur s’avança dans cette sorte de jardin ; il arriva à une grande cour, puis à une plus petite qui