comptant, et deux dont j’ai la jouissance, mais je suis effrayée de ton esprit et ce qui comble mon effroi, c’est que jamais je n’aurai le courage de te résister en rien. Par exemple cette idée de nous transplanter à Paris sans en dire un mot à personne ! Et nous arriverons dans un pays où nous ne connaissons âme qui vive ! qu’allons-nous devenir ?
Mina triompha dans la réponse à cette objection. Les libraires qui font des collections des chefs-d’œuvre de la langue française, pour ne pas payer de droits d’auteur ou pour d’autres raisons, n’admettent dans leurs collections que des ouvrages d’auteurs morts depuis longtemps. Et Mina se faisait une image charmante de la société française. Les comédies de Marivaux surtout lui avaient semblé d’une grâce parfaite. Ces comédies devaient représenter la France au naturel. Il n’y avait point surtout de ces marchands grossiers et raisonnables qui remplissent les comédies allemandes.
— Que va-t-on dire de nous, reprenait Madame Wanghen ?
— D’abord qu’aura-t-on à dire de nous ? Qui s’intéressera assez à nous pour en dire du mal ? Dans cette heureuse ville nous vivrons libres comme l’air.
— C’est encore là ce qui m’effraie. Te