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LE ROSE ET LE VERT


CHAPITRE PREMIER




C
e fut[1] vers la fin de 183* que le général major comte von Landek revint à Kœnigsberg sa patrie ; depuis bien des années il était employé dans la diplomatie prussienne. En ce moment, il arrivait de Paris. C’était un assez bon homme qui autrefois, à la guerre, avait montré de la bravoure, maintenant il avait peur à peu près constamment, il craignait de n’être pas possesseur de tout l’esprit que communément l’on croit nécessaire au rôle d’ambassadeur, — M. de Talleyrand a gâté le métier, — et de plus il s’imaginait faire preuve d’esprit en parlant sans cesse. Le général von Landek avait un second moyen de se distinguer, c’était le patriotisme ; par exemple, il devenait rouge de colère toutes

  1. Ces premières pages sont de la main d’un copiste : troisième version sans doute de ce début. Corrections nombreuses de la main de Stendhal. N.D.L.E.