Page:Stendhal - Romans et Nouvelles, I, 1928, éd. Martineau.djvu/304

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

cheval. Quelquesjours après, je fus arrêté en traversant la place publique par ordre de cet officier, et pendant que la garde nationale me conduisait en prison, le peuple criait à haute voix : « C’est le premier, il ouvre la marche, mais les autres le suivront bientôt. » Cependant tous mes amis réclamèrent aussitôt très vivement auprès du major contre une mesure qui avait compromismesjours ; celui-cis’excusa en disant qu’il n’avait pas donné l’ordre de m’arrêter ; il vint me mettre lui-même en liberté et me serra affectueusement la main. Je ne laissai pas de lui faire comprendre qu’il y avait dans sa conduite capricieuse une légèreté peu digne de son grade.

Cependant le retour du pape ne tarda pas à être décidé. Le peuple prépara des fêtes pour le recevoir. On éleva des arcs de triomphe, et la route depuis Cesena jusqu’à Rome semblait être un vaste jardin. Un beau matin, certain prélat vint se mettre en possession de tous mes livres en m’annonçant que mes fonctions avaient cessé. Voyant que les dispositions du peuple étaient hostiles à notre égard, je me déterminai à passer en Angleterre avec un de mes amis à qui je proposai une place dans ma voiture. Nous eûmes beaucoup de peine à obtenir un passe-port