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paroles des prêtres. Cependant, arrivés au lieu du supplice, il dit : « Allons, mes amis, nous avons bien tourmenté ce pauvre peuple, il est juste que nous ayons notre tour ; ne nous plaignons pas de notre sort, et mourons sans faiblesse.» Puis, se tournant vers le peuple, il ajouta : « Souvenez-vous que Spatolino meurt avec le regret de ne s’être pas vengé du maître de poste de Cività-Castellana et du traître Rotoli qui, par sa fourberie, m’a conduit à la mort. » Après cette courte harangue, il ordonna aux soldats de faire feu, leur recommandant de lui administrer quatre bonnes balles dans la poitrine, et sans souffrir qu’on lui bandât les yeux, il attendit intrépidement le coup mortel. Ainsi finit ce brigand dont les aventures firent grand bruit dans Rome, et fournirent aux poètes du temps des sujets de drame.

Cette affaire terminée, je retournai à Foligno, où je résidais depuis cinq ans, lorsque les Français essuyèrent leurs revers de Russie. Joachim Murat ne tarda pas à prendre possessionde tous les États de l’Église, et je fus maintenu pour quelque temps dans mes fonctions. Cependant le peuple parlait de jour en jour plus sérieusement du retour du gouvernementpontifical ; il pensait que la captivité et les souf-