l’assassin de son domestique. Indépendamment de ce témoignage, le trouble du gendarme avait déjà trahi sa culpabilité aux yeux les moins clairvoyants. En conséquence, on le désarma, et on le fit asseoir sur le banc des accusés. « À merveille, s’écria Spatolino, te voilà à la place qui te convient ; nous avons fait nos campagnes ensemble et nous quitterons le service en même temps. » Le malheureux gendarme ne disait mot et baissait la tête ; il n’eut pas mêmela force de monter jusqu’au donjon. L’affaire dura huit jours entiers, et je ne pense pas que l’on ait jamais vu ailleurs un accusé détailler ainsi de sang-froid toutes les circonstances de ses crimes, et prendre plaisir à les mettre dans tout leur jour. Bien plus, on le vit regretter les coups qui n’avaient point porté : témoin le maître de poste de Cività-Castellana. Lorsque cet homme fut appelé à déposer, Spatolino se leva et dit : « Monsieur le président, j’ai frappé trois fois, de ma propre main, ce digne gentilhomme ; la dernière je l’ai blessé au bras, si bien qu’il en a perdu l’usage ; mais je mourrai avec le regret amer de ne l’avoir pas tué, car c’est le plus grand ennemi que j’aie eu pendant ma vie, et que j’aurai après ma mort. »
Le tribunal porta une sentence de mort