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je racontai mon aventure, on m’assura que bien m’avait pris de cacher ma profession, et qu’il y allait de ma vie.

Après les fêtes du 15 août, je me proposais de retourner à Foligno où mes fonctions me rappelaient ; mais, apprenant qu’on allait juger Spatolino, brigand fameux, arrêté quatre mois auparavant, et contre qui des témoins venaient déposer de tous les points de l’Italie, je restai à Rome pour suivre cette affaire, et voir si ce malheureux tiendrait la promessequ’il avait faite en prison, de donner une bonne comédie à l’audience.

Ce Spatolino avait exercé pendant dix-huit ans sa profession de brigand avec un succès déplorable ; le gouvernement français, désespérant de pouvoir le saisir, chargea de ce soin le commissaire de police Angelo Rotoli, homme actif et rusé, capable de conduire heureusement une affaire aussi délicate. Voyant que la force ne pouvait rien en cette occasion, il eut recours au stratagème. Il fit prévenir secrètement Spatolino qu’un commissaire de police lui demandait une entrevue, et le priait de lui assigner un rendez-vous, où il se rendrait seul et sans armes ; il ajoutait qu’il se confiait sans réserve à sa bonne foi, et que l’objet de cette conférence était du plus haut intérêt. Spato-