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sur les chevaux de poste et de partir au grand galop. Pour lui, armant ses pistolets, il déclara qu’il brûlerait la cervelle au premier qui serait tenté d’arrêter les voitures, et se tira ainsi de ce mauvais pas. On courut, sans désemparer, jusqu’à Peggibonzi en Toscane, où l’on séjourna quelquesheures, pour reprendre le voyage. En passant à Peggibonzi dans la suite, j’appris de la maîtresse de l’auberge où le pape était descendu, l’anecdote suivante. Un des boutons du gilet de Sa Sainteté étant tombé, comme elle n’en avait point d’autre, elle appela, dans l’absence de son chambellan, l’hôtesse pour réparer ce dommage ; celle-ci s’empressa de répondre à ce désir, mais le pape n’ayant pas de monnaie pour payer ce léger service, s’adressa au général Radet, qui lui présenta aussitôt une bourse pleine de louis ; le pape en tira quatre qu’il offrit à l’hôtesse.

Après le départ du Saint-Père, les affaires prirent tout à coup une tournure différente ; on oublia les excommunications qu’il avait fulminées et chacun s’empressa d’accepter des emplois du gouvernement français. Cependant, quelques zélés partisans du pape préférèrent aux profits de la soumission l’honneur de rester fidèles à leurs principes. Mon