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protesta avec beaucoup de dignité contre cet attentat, demandant d’ailleurs quelque relâche pour se préparer au départ. Le général Radet lui répondit gaiement que le temps de commenter et de discuter était passé, et qu’il fallait se mettre en route. Les voitures étaient placées au pied de l’escalier ; le pape monta dans celle qui lui était destinée, et témoigna le désir d’avoir près de lui son secrétaire d’État ; cette faveur lui fut refusée, et pour plus de sûreté, on enferma dans la seconde voiture le chambellan et le cardinal Gonsalvi. Le maréchal des logis monta derrière la voiture du cardinal, et le général Radet se plaça derrière celle du pape.

On quitta ainsi le palais, et on traversa toute la ville sans exciter le moindre soupçon. Lorsque le pape fut parti, un officier ordonna à tous les gardes postés dans le palais de le quitter à l’instant ; chacun rentra tranquillement dans ses quartiers. Les échelles ayant été oubliées jusqu’au matin, on les aperçut, et le bruit se répandit que le pape avait été enlevé par escalade. Les prêtres exploitèrent au profit de la religion la chute du pauvre Mazzolini ; affirmant que le pape aurait pu frapper de mort tous ses ravisseurs, mais qu’il s’était contenté d’en faire tomber un seul, pour