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nationaux suivirent avec le général, et les agents de police fermèrent la marche. Le général prit pour guide un homme qui connaissait les détours du souterrain qui conduit du jardin dans l’intérieur du palais. Les deux mains armées de pistolets, ils traversèrent ce passage, à l’extrémité duquel ils trouvèrent un complice, qui leur ouvrit la porte par laquelle ils pénétrèrent dans la grande cour du palais. Le général ayant rassemblé sa petite troupe, lui ordonna d’aller désarmer la garde suisse ; quinze hommes suffirent pour exécuter cet ordre. Après cette expédition préalable, les gendarmes retournèrent au lieu du rendez-vous et assurèrent au général que les gardes du pape n’opposeraient aucune résistance. Le général recommanda à son escorte de garder le plus profond silence, et ordonna au guide de le conduire avec le maréchal des logis à la porte de la chambre du pape, où ils arrivèrent sans rencontrer le moindre obstacle. Le général frappa deux fois : au second coup le pape demanda : « Qui va là ? — Je suis le général Radet, envoyé de l’empereur Napoléon. » À cette réponse, le pape ouvrit la porte. Il était habillé, et on suppose qu’il ne s’était pas mis au lit : quelquespersonnesprétendent qu’il était préparé à cette visite, et qu’il