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police passassent la nuit sous les armes avec cinquante gendarmes et cent soldats de la garde nationale qui devaient se tenir avec des échelles au pied des murs du jardin du pape. Le gouverneur fit lire aux soldats chargés d’agir un ordre du jour où il menaçait de la mort celui qui commettrait le moindre désordre dans l’intérieur du palais. Le général Radet arriva à minuit, accompagné de Bonom, maréchal des logis de gendarmerie, tous deux en habit bourgeois. L’ordre de l’escalade fut ainsi réglé : les agents de police devaient monter les premiers, après eux les gardes nationaux, et enfin le général avec quelques gendarmes. Un des gardes nationaux, nommé Mazzolini, chaud patriote, aspirait à l’honneur d’escalader le premier la muraille ; sa précipitation lui coûta cher, car il tomba et se cassa la jambe : sa chute refroidit un peu le zèle de ses camarades, qui virent, dans cet accident, un jugement de Dieu. Les agents de la police,hommesignorants, et qu’on avait amenés par contrainte, refusèrent de monter. Alors le général, s’adressant aux gendarmes : « Mes braves, leur dit-il, faites voir à ces gens-là si c’est un jugement de Dieu ou un accident naturel : marchez. » La gendarmerie escalada aussitôt la muraille : les gardes