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rir sus ; craignant d’être atteint, je me réfugiai dans une église, asile inviolable en Italie, et devant lequel s’arrêta toute poursuite ultérieure. Après ce coup de tête, je réfléchis sur le parti que je devais prendre : si j’appelais mon oncle, je ne doutais pas qu’il ne fît cause commune avec mes ennemis ; j’aimais mieux m’adresserà ma mère qui seule pouvait prendre ma défense. Elle arriva bièntôt, toute effrayée, persuadée que j’avais commis quelque grand crime ; je lui contai mon aventure, et ce récit la rassura un peu. Elle me conduisit chez son mari, et après beaucoup de démarches pour arranger cette affaire, on obtint de l’offensé qu’il m’accorderait mon pardon, si je consentais à le demander publiquement, à genoux, et à faire un mois de pénitence dans le couvent de Saint-Jean-et-Saint-Paul, espèce de prison correctionnelle où les détenus vivent à leurs frais. Mon oncle fut charmé de ce compromis, espérant que les leçons des frères du couvent exerceraient sur mon esprit une influence salutaire. « Dieu vous attend, me disait-il, profitez de ses avances, et songez que l’enfer est ouvert pour vous engloutir.» Il me recommanda au prieur, à qui il remit quelque argent pour dire des messesà mon intention ; puis il me quitta. Je ne saurais