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CHAPITRE VI




M.
l’abbé de Miossens fut bien surpris à sa première visite après celle où il avait jeté la proposition d’une dame de compagnie de trouver ces dames dans la joie de l’arrivée de leur cousine de Strombek. L’abbé fut très contrarié. L’existence de ce personnage rendait impossible l’introduction d’une certaine madame d’Arblay, personne admirable par la prudence savante et la douceur engageante de ses manières et qui avait déjà aidé l’abbé à convertir une riche famille protestante fort attachée à son erreur.

Ces deux échecs, ou du moins ces deux surprises, arrivées coup sur coup, étonnèrent le génie de l’abbé. « On donne de la simplicité au caractère allemand, se dit-il, mais il jette dans l’erreur précisément par son innocence, par sa candeur, par cette absence complète de l’idée de tromper. Liés comme nous le sommes, qui n’aurait pas supposé que ces dames me feraient confidence de l’idée de faire venir