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LE ROSE ET LE VERT

fâchée de dérouter un peu les idées de M. de Miossince qui lui semblait avoir mis trop d’adresse à cette communication diplomatique. Madame Wanghen regarda sa fille. Elle savait qu’elle avait une horreur qui allait jusqu’à la monomanie pour l’idée qu’on lui faisait la cour à cause de ses millions.

— Inconnues comme nous le sommes en France, maman et moi, continuait Mina, nous devons nous attendre à un peu d’abandon, à voir un peu de solitude autour de nous. Si, dans les commencements, des gens dignes d’être appréciés nous recherchent à cause des millions (c'était la phrase de Mina en parlant de sa fortune), je pense que maman et moi nous ne nous apercevrons pas de ce genre de succès peu flatteurs, il est vrai, pour nos qualités personnelles, mais enfin qui nous sauveront de la solitude tant qu’on n'aura pas la gaucherie de nous y rendre attentives, de nous en faire apercevoir malgré nous-mêmes.

L’abbé de Miossince était étonné, et bientôt mit un terme à sa visite, c'était l’habitude de cet homme sage et parfaitement conséquent dans sa politique toutes les fois que quelque chose d’imprévu se présentait à lui[1].

  1. Je me figure toujours M. L.-cq.