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LE ROSE ET LE VERT

deux ans, que je voulais acheter une certaine forêt dans les environs de Paray, il ne connaissait pas cette affaire qui était bonne en elle-même et qui me convenait beaucoup parce que j’ai une usine de fer dans les environs, il partit en poste dans la nuit et alla acheter cette forêt.

— Comment, et vous voyez un tel homme, dit Mina ?

— Sans doute, c'est moi qui suis un sot d’avoir parlé. Je lui ai donné un chapeau de vingt mille francs et il m'a rendu ma forêt.

Le lecteur a peut-être trouvé cette liste bien longue. Mina, bien différente du lecteur, en était amusée, plusieurs fois [elle] avait retenu par ses questions M. le baron de Vintimille qui voulait donner la main à Madame Wanghen et entrer au salon. Elles y furent reçues avec des compliments infinis par Madame et mesdemoiselles de Vintimille. On annonça bientôt le dîner. Le riche fabricant de tapis, futur ministre, donna la main à Mina qui lui trouva l’air fort raisonnable.

On se mit à table. Sur le champ la conversation générale commença par une discussion serrée et chaudement conduite sur le caractère politique du célèbre M. N… qui la veille avait parlé à la