PRÉFACE DE L’ÉDITEUR
Aucun livre ne fit tant à Paris pour la célébrité de Stendhal que celui-ci qui lui valut d’être traité par Sainte-Beuve de hussard du romantisme. Pour qui sait le lire il demeure la plus importante des œuvres où il ait exprimé, les idées littéraires de sa maturité.
Beyle avait reçu à Grenoble une bonne éducation classique. De longues années il lut La Harpe avec passion, et d’autres années non moins longues lui furent nécessaires pour arriver à délaharpiser son goût. Son admiration pour Racine et Molière avait été particulièrement vive et ne diminua qu’à mesure que croissait son culte pour Shakspeare.
Car il ne faudrait pas croire, — ainsi qu’il voulut, en nous le disant dans la suite, se le persuader à lui-même, — que Beyle ait été dès les bancs du collège un admirateur du grand Will. Il le lut toutefois fort jeune, mais ne le comprit et ne l’aima pleinement qu’en sa maturité. Son goût pour Racine