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DE QUELQUES OBJECTIONS

qu’il fasse le premier une espèce de code de la littérature moderne. Je ne veux pas dire qu’il pose des principes et qu’il coordonne des règles ; il n’y a, selon lui et selon nous, d’autres règles que les exemples du génie ; mais un certain instinct pousse évidemment l’esprit humain hors des routes battues ; il importe de lui révéler à lui-même quel est le but auquel il aspire, et quel chemin l’y conduira plus tôt : c’est ce que ferait un tel ouvrage. — Il a dit presque juste sur les classiques et les romantiques : il n’a péché que par omission ; mais cette omission capitale l’entraînerait, selon moi, à des conséquences évidemment fausses, dans la suite de son ouvrage. Il a oublié que l’imitation de la nature n’était pas le seul but des arts, mais que le beau était, avant tout, le principe et la fin de toutes les créations de l’esprit. S’il s’était souvenu de cette vérité fondamentale, il n’aurait point dit que Pigault-Lebrun était romantique (dans l’acception favorable du mot), mais qu’il était populaire, ce qui est tout autre chose. Il n’aurait pas dit qu’il fallait renoncer aux vers dans la poésie moderne ; car, le vers ou le rhythme étant le beau idéal dans l’expression ou dans la forme de l’expression, ce serait redescendre que de l’abandonner ; il faut le perfectionner, l’assouplir, mais non le détruire. L’oreille est une partie de l’homme, et l’harmonie une des lois secrètes de l’esprit, on ne peut les négliger sans erreur.

« Je désire, mon cher de Mareste, qu’en