Page:Stendhal - Racine et Shakespeare.djvu/349

Cette page a été validée par deux contributeurs.
312
RACINE ET SHAKSPEARE

jeune homme ou au Solliciteur des Variétés, je sors en colère contre nos petits rhéteurs, qui ne permettent pas à MM. Ymbert et Scribe de faire des comédies en cinq actes pour le Théâtre-Français, et de développer à loisir les ridicules qu’ils ne peuvent aujourd’hui que croquer en passant.

Personne ne se présentera-t-il pour détrôner les pédants ? Laisserons-nous fausser encore une fois le goût de cette belle jeunesse, qui applaudit avec des transports si nobles aux leçons éloquentes des Cousin et des Daunou ? Elle est si peu dupe des masques politiques, restera-t-elle toujours dupe des masques littéraires ? Je voudrais, avant de me retirer de ce monde, rire une fois aux Français, à une pièce nouvelle. Est-ce trop prétendre ? Et toujours messieurs de l’Académie, qui sont une classe, et dont il n’est plus permis de se moquer sous peine de la prison, nous empêcheront-ils de rire, même quand nous ne songeons pas à leurs qualités brillantes ?



V. — De la moralité de Molière.

Quoique je trouve assez peu digne d’attention tout ce que des gens à petites vues ont dit sur la moralité du théâtre, il est facile de voir que Molière n’est pas plus moral qu’un autre. Il faut reléguer cet argument en sa faveur avec cette autre