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DE QUELQUES OBJECTIONS


IV. – Des scènes peignant les mœurs par des situations fortes, et du vis comica.

La cour de Louis XIV exerçait profondément la sagacité du courtisan. Il fallait deviner chaque matin dans les yeux du maître si sa faveur baissait, ou même si elle durait encore. Comme le moindre geste était décisif, la moindre nuance était observée.

La république, au contraire, fait naître l’art des discussions, les attaques sérieuses, et l’éloquence de siège, propre à remuer les masses. La friponnerie du ministre est toujours assez facile à voir ; le difficile, c’est de la rendre palpable aux yeux du peuple et de faire qu’il s’en indigne. C’est du bon sens et de la patience qu’il faut pour distinguer un double emploi au travers des ombres amies d’un budget[1]. Il fallait des grâces, de la liberté d’esprit, un tact très-fin, obéissant à la moindre nuance, une sagacité de tous les moments, pour acquérir ou conserver la faveur d’un despote ennuyé et d’un goût fort délicat[2] ; car, pendant cinquante ans, il avait été flatté par

    mantes plaisanteries de lord Byron, dans Don Juan et surtout dans le Siècle de bronze, seraient ignobles en français, et elles partent du génie le plus élevé et le plus dédaigneux de l’Angleterre.

  1. M. Hume, en Angleterre, à la Chambre des communes, avant que M. Canning eût eu l’idée d’avoir recours à la bonne foi pour se soutenir en place.
  2. Lettres de madame de Maintenon.