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DE QUELQUES OBJECTIONS

peu de bonne foi dans le pouvoir aura terminé la Révolution, peu à peu tout se classera ; le raisonnement lourd, philosophique, inattaquable, sera laissé à la Chambre des députés. Alors la comédie renaîtra, car on aura un besoin effréné de rire. L’hypocrisie de la vieille madame de Maintenon et de la vieillesse de Louis XIV fut remplacée par les orgies du régent ; de même, quand nous sortirons, enfin, de cette farce lugubre, et qu’il nous sera permis de déposer le passe-port, le fusil, les épaulettes, la robe de jésuite et tout l’attirail contre-révolutionnaire, nous aurons une époque de gaieté charmante. Mais abandonnons les conjectures politiques, et revenons à la comédie. On fut ridicule dans les comédies telles quelles, de 1720 à 1790, quand on n’imita pas, comme il faut, la partie des mœurs de la cour que M. de Monticourt ou M. de Trudaine, gens riches de Paris, pouvaient permettre à leur vanité[1].

Que me fait à moi, Français de 1825, qui ai de la considération au prorata de mes écus, et des plaisirs en raison de mon esprit, que me fait l’imitation plus ou moins heureuse du bon ton de la cour ? Il faut bien toujours, pour être ridicule, que l’on se trompe sur le chemin du bonheur. Mais le bonheur ne consiste plus uniquement pour

  1. Le rôle de Récard, dans une comédie en prose et en cinq actes de Collé, à la suite de ses Mémoires ; le Mondor des Fausses infidélités, etc.