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PRÉFACE

Beuve ne fut-il que juste en écrivant trente années plus tard : « Quoi qu’il en soit, l’honneur d’avoir détruit quelques-unes des préventions et des routines qui s’opposaient en 1820 à toute innovation, même modérée revient en partie à Beyle. »

Les revendications de Stendhal étaient modestes, elles se bornaient, ou presque, à trois principales : il demandait au théâtre de n’user que de la prose, de traiter des sujets nationaux, de renoncer à la règle des unités. La première lui tenait à cœur depuis longtemps déjà, depuis sans doute qu’il s’était découvert inhabile, après tant d’essais infructueux, à bien manier le vers français. Les deux autres, il les rapportait d’Italie dans ses bagages. Nul n’était mieux placé que lui pour les populariser ; nous avons vu comment il s’y prit. Dans un de ces comptes rendus bibliographiques qu’il donnait régulièrement aux revues anglaises, il lui arriva, à propos de sa première plaquette, de parler ainsi de lui-même : « Quoiqu’il ne présente ses idées que sous la forme modeste d’une brochure, son pamphlet n’est pas la production la moins remarquable provoquée par cette querelle prolixe… Le défaut dominant de cet auteur, c’est qu’il a l’air de ne jamais douter de ses raisonnements, il saute avec une rapidité inconcevable des prémisses à la conclusion. Le plus souvent,