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RACINE ET SHAKSPEARE

copient judaïquement les ouvrages du grand homme. Ils ne savent voir ni la nature telle qu’elle est sous leurs yeux, ni la nature telle qu’elle fut quand le grand homme en donna ses imitations sublimes.

On a jugé convenable de faire un nouveau chapitre sur Molière, et l’on est entré dans quelques raisonnements sérieux, au risque de paraître lourd.

Cette brochure m’a valu un honneur dont je suis fier. Quelques-uns des hommes que leurs écrits, et non pas leurs visites du soir, ont placés à la tête des lettres, quelques-uns de ces hommes dont les écrits font le charme de mes loisirs, ont daigné me faire des objections. J’ai hasardé d’y répondre par un nouveau chapitre. Si je me fusse livré à exprimer mes doutes sur moi-même aussi souvent que je sentais combien j’ai de raisons d’être modeste, ce chapitre ajouté eût été fort long. J’ai respecté à ce point mes nobles adversaires, que j’ai cru qu’ils auraient assez d’orgueil pour aimer la vérité sans formules. J’ai donc parlé simplement, comme on parle aux immortels, disant avec simplicité, non peut-être ce qui est vrai, mais ce qui me semble vrai.


I. — De l’état de la société par rapport à la comédie, sous le règne de Louis XIV.

Haïr n’est pas un plaisir ; je crois même que beaucoup de lecteurs penseront avec moi que c’est une peine, et une peine d’au-