Page:Stendhal - Racine et Shakespeare.djvu/301

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
264
RACINE ET SHAKSPEARE

Redoublons donc d’hommages envers le grand homme que Milan, plus heureuse que toutes les autres villes de l’Italie, possède dans son sein. Réchauffons le feu sacré qui l’anime, et, tout en applaudissant au travail si utile qu’il vient d’entreprendre, écrions-nous au milieu de nos hommages :

« Ah ! ne vous perdez pas dans les épines du langage, n’imitez pas Alfieri qui perdit les années si précieuses encore de l’âge mûr dans la vaine étude du grec ; donnez-nous encore de beaux vers[1] ; vous le pouvez si vous le voulez ; ne désespérez pas de votre génie ! Si vous ne voulez pas courir les chances dangereuses de l’invention, suivez les traces de Cesarotti ; il nous a donné un Ossian, que les Anglais eux-mêmes viennent étudier avec respect, tant il est plus beau que l’original. Traduisez, ô grand poëte ![2] et, malgré vous, en traduisant, vous serez encore original, sublime, magnifique, et nous dirons encore, en parlant d’avance le langage de la postérité :

« Nous possédons dans nos murs le seul homme qui a su égaler le Dante, l’Arioste et le Tasse. »

  1. Vaine prière ! je lui ai faite ; il m’a boudé pendant un mois.(Note d’un inconnu.)
  2. Conseil fort sage. Monti en va devenir furieux. La raison est de l’eau pour lui car il est hydrophohe.

    (Note d’un inconnu. Ainsi que la note précédente, elle est de la main qui a écrit le fragment de lettre ci-annexé.)(Note de Colomb.)