Nous n’avons pas encore, dans notre malheureuse Italie morcelée, une loi qui protège les auteurs et les libraires contre le danger de la contrefaçon. Si un livre a du succès à Milan, on le contrefait sur le champ à Turin, à Plaisance, à Lugano, à Rome, à Florence, à Naples, à Palerme, etc., etc.
Notre dictionnaire ne sera donc pas fait par un philosophe comme Johnson, richement payé par des libraires qui sont sûrs d’acquérir dans le Dictionnaire une terre d’un revenu éternel et à l’abri de tous les accidents. Les héritiers de chacun des libraires qui firent travailler Johnson retirent chaque année du dictionnaire 10 à 15 mille lire italiane. Il est vrai que les frais furent immenses. Ils payèrent chèrement six commis pendant neuf ans. Chaque commis avait six mille francs. Ils fournirent à Johnson une grande quantité de livres.
Un dictionnaire français, celui de Catineau-Laroche (voyez le Journal de la Librairie) rapporte actuellement à son auteur un revenu de 6 à 7.000 francs par les nouvelles éditions qu’on en fait sans cesse.
Par un des malheureux effets de notre morcellement, le moyen anglais, le plus sûr de tous, est à peu près impossible pour l’Italie.
Pourrons-nous employer le moyen français et réunir une Académie de quarante ou cinquante gens de lettres célèbres ?
Pas davantage. Où réunirions-nous cette Académie ? Le moyen employé par les