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RACINE ET SHAKSPEARE

il y a à peine cinquante ans, avec les signes du quatorzième siècle. Malgré une idée aussi ridicule, son histoire est lue, d’abord parce qu’elle est protégée par les pédants, secondement parce que M. Botta est un homme de beaucoup d’esprit ; en troisième lieu parce que son livre n’est qu’une suite d’extraits des excellents discours prononcés en Angleterre et en Amérique au sujet de la révolte des États-Unis de 1774 à 1783.

Les hommes qui peuplent la société sont ici plus fins, plus entraînés par une imagination enflammée qu’en France. S’ils avaient pu, de 1530 à 1770, être naturels en écrivant, la littérature italienne (en mettant toujours à part les ouvrages de génie qui partout font exception) l’emporterait sur les littératures française et anglaise, mais les pédants s’étant trouvés, par une combinaison fatale, les maîtres de la littérature, tout ce qui a écrit a été pédant. De là le manque presque total en italien de tournures vives, nobles, pittoresques pour exprimer les idées fines. De là l’impossibilité d’un style rapide et supprimant toutes les idées intermédiaires. De là le manque de goût qui porte les génies les plus nobles et les plus élevés à rendre leurs idées sensibles par des images révoltantes et basses. De là, M. Botta, au lieu d’écrire comme Hume et Montesquieu, a écrit comme Boccace et Cicéron. Toutes les idées fines disparaissent dans ce style et au milieu de phrases de trente lignes.

Il est clair que nous devons aux signes