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DE LA LANGUE ITALIENNE

avait trop de préjuges, il savait parfaitement le grec, le latin, l’italien et le français. Il avait écrit avec succès des poèmes latins. Il avait écrit supérieurement en vers anglais. Il avait un appareil chimique et faisait des expériences. Son fort était la discussion métaphysique et les grandes théories sur la moralité et les motifs des actions des hommes. Il était pour la conversation ce que madame de Staël a été en France, le premier talent alors connu. Il était généralement regardé en Angleterre comme le meilleur et le plus élégant écrivain alors existant. Son style est magnifique, périodique et extrêmement orné. Il écrivit presque toujours uniquement dans le dessein de pourvoir à sa subsistance et sans plaisir.

Johnson loua un grand appartement comme pour une maison de banque. Les libraires lui fournirent des milliers de volumes pour son usage et celui de ses commis. Il en prit six ; il les choisit parmi les petits gens de lettres. Johnson fit la liste de tous les mots de la langue, en partie sur les anciens dictionnaires, en partie en les dictant lui même. On copia tous les mots de la langue au haut d’une grande page laissée en blanc. Johnson remplit, les blancs en mettant 1o l’étymologie, 2o la définition de chaque mot, 3o ses divers sens. Les autorités furent transcrites des livres mêmes où il avait marqué les passages à transcrire avec un trait de crayon.

Enfin, après huit ans d’un travail opiniâtre et bien remarquable dans l’histoire